Quelle est la différence entre propreté saine et propreté stérile? Il est devenu rare de se rendre chez le docteur, à l’épicerie ou à l’école sans remarquer une myriade de désinfectant pour les mains ou de lingettes antibactériennes… qu’ils soient posés sur des bureaux ou envahissant les caddies. Depuis l’avènement des antibiotiques, notre société a été obsédée par la création d’environnements stériles et ne voit plus les bactéries que comme une menace à éradiquer.
Bien que les méthodes antibactériennes aient fini par donner aux humains un semblant de contrôle sur les infections bactériennes (ce qui a dans de nombreux cas sauvé des vies), les scientifiques commencent désormais à comprendre les conséquences d’une société « trop stérile ». Nommée l’hypothèse hygiéniste, cette théorie avance que le nombre croissant de maladies auto-immunes ou de maladies de la peau dans les pays développés pourrait être causé par une hygiène excessive.
Pour les chercheurs qui étudient la santé et la nutrition de nos ancêtres, tout ceci est parfaitement logique. Dans le monde naturel, nous sommes en symbiose avec notre environnement, et notamment les quelque 100 milliards de microorganismes que nous possédons à la fois dans et sur notre corps. Il n’existe pas de puissant savon chimique, de « packs » antibiotiques ou d’aérosol stérilisant dans la nature (à l’exception des huiles essentielles), et ce pour une bonne raison : ces produits chimiques artificiels ne tuent pas seulement les mauvaises bactéries, mais ils détruisent également les bonnes bactéries responsables du maintien de l’efficacité de notre système immunitaire.
À quoi ressemble l’éradication de nos bonnes bactéries ? Eh bien, il se trouve que notre fascination pour une hygiène excessive aurait provoqué l’augmentation du nombre de cas de nombreux désordres internes, tels que les allergies, l’asthme, la levurose, le syndrome du côlon irritable et même le diabète, pour n’en nommer que quelques-uns (1).
Alors que la prise de probiotiques est devenue de plus en plus courante ces dernières années, notamment depuis que ces liens sont connus, n’y aurait-il pas encore d’autres effets cachés, et particulièrement en ce qui concerne notre peau ? Très précisément, notre usage permanent de savons industriels n’endommagerait-il pas non seulement notre flore intestinale, mais, en plus, n’empêcherait-il pas non plus notre peau d’être saine et lisse ?
Dans les lignes ci-dessous, nous chercherons à comprendre la différence entre une peau stérile et une peau sainement propre. Nous verrons aussi comment lui rendre sa brillance en quelques étapes simples.
Les désavantages d’une propreté excessive
Non, nous ne vous demandons pas d’arrêter de vous laver les mains ou de ne plus prendre de douche. Par « propreté excessive », nous entendons l’utilisation de puissants savons chimiques qui tuent à la fois les mauvaises bactéries et les bonnes bactéries au nom de « l’hygiène ». En effet, ces méthodes ont des désavantages sérieux :
1. Elles favorisent ou empirent les maladies de peau
Tandis que les études sur les rapports entre probiotiques et bonnes bactéries continuent à être publiées, les connexions reliant les maladies de peau et le manque de bactéries bénéfiques sont de plus en plus souvent mises en lumière.
En l’occurrence, le déséquilibre dans la composition microbienne chez les enfants (dû à des mesures hygiéniques) a été fortement corrélé à l’eczéma atopique. De manière spécifique, des études ont démontré que les enfants souffrant d’eczéma présentaient une diversité microbienne plus faible et une quantité moindre de souches de bifidobacteria (un probiotique bénéfique) que les enfants en bonne santé (2). Une autre étude a montré qu’il existait des améliorations significatives de la dermatite atopique après utilisation de probiotiques, ce qui semble suggérer que le déficit en bonnes bactéries est une des causes de la maladie (3, 4).
2. Elles éliminent la barrière protectrice de la peau
Tout comme la consommation de probiotiques et le maintien d’une flore intestinale en bonne santé stimule notre système immunitaire, les bactéries vivant sur notre peau fournissent la première barrière (remarquablement puissante) de protection contre les mauvaises bactéries et les agents pathogènes. Des études ont démontré que les crèmes et les savons chimiques éliminaient cette barrière de protection naturelle. En particulier, il a été prouvé que, comparé à un probiotique courant, le triclosan, un composé antibactérien et antifongique courant que l’on retrouve dans nombre de produits d’hygiène, dentifrices ou détergents, empêchait ou ralentissait la régénération de la barrière de protection de la peau.
Les bienfaits des bonnes bactéries
Garder des bactéries bénéfiques sur notre peau nous fait bénéficier de nombre d’avantages au niveau de la guérison de la peau et nous permet d’obtenir un teint brillant.
1. Elles améliorent notre résistance aux agents pathogènes
Comme notre peau est un organe protecteur, elle subit chaque jour des attaques en nous protégeant de dangereux virus, bactéries ou agents pathogènes. Il est intéressant de noter qu’en nourrissant cette barrière (qui consiste principalement en organismes probiotiques), nous augmentons également notre résistance innée aux pathogènes. Des études ont démontré qu’une simple souche de probiotiques vivant sur la peau, le lactobacillus plantarum, peut faire des merveilles pour améliorer la protection de notre peau.
2. Elles réduisent l’acné et réparent la peau
L’industrie de la dermatologie ne cesse de nous répéter que les bactéries sont la cause principale de l’acné. Bien que cela soit vrai à un certain point, cette affirmation occulte le fait que la peau abrite une pléthore de bonnes bactéries qui protègent la peau. En l’occurrence, des recherches ont démontré que les peaux susceptibles de développer de l’acné possèdent un taux plus élevé d’une bactérie négative appelée « P. acnes ». Au contraire, une autre souche de la même bactérie est présente sur les peaux saines et presque absente sur les peaux sujettes à l’acné (5).
Ceci montre qu’il existe un équilibre délicat et parfois complexe dans les microorganismes vivant sur notre peau et que tout déséquilibre risque de permettre aux mauvaises bactéries de prendre le pas sur les bonnes bactéries probiotiques et anti-inflammatoires.
On remarquera qu’il a été démontré que la souche de probiotiques que nous avons mentionnée plus tôt, le lactobacillus planetarium, réduit les rougeurs et les inflammations et, lorsqu’on l’applique sur la peau, il réduit la taille des lésions causées par l’acné.
3. Elles ralentissent les effets du vieillissement
Et enfin, comme si les bonnes bactéries ne nous offraient pas assez de bienfaits, des recherches ont démontré que les probiotiques sont très efficaces lorsqu’il s’agit de retarder les effets du vieillissement. Cela est dû à leur capacité à renforcer les protections de la peau qui, en plus de nous protéger des agents pathogènes provoquant des inflammations, nous protège également de la pollution et des radicaux libres (6).
De plus, l’application de probiotiques sur la peau aide cette dernière à garder plus efficacement l’humidité (ce qui est un plus évident face aux signes de vieillissement) et la protège des dommages dus au soleil (7).
Comment être propre sans être stérile
Voici plusieurs conseils que vous pouvez suivre afin de vous assurer que vous nourrissiez vos bonnes bactéries plutôt que de les éradiquer.
1- Limitez l’utilisation de savons, de crèmes hydratantes, de lotions, de shampooings, d’après-shampooings, de crèmes et de gels douche stérilisants et, en particulier, ceux qui contiennent des agents chimiques antibactériens, des sulfates et des parabènes.
2- Utilisez des produits de soins pour la peau bio ou lavez-vous le visage avec un mélange composé d’un volume de vinaigre de cidre pour 2 volumes d’eau. Complétez avec un hydratant 100% naturel, par exemple de l’huile d’olive, de coco ou de jojoba, ou avec un probiotique à appliquer (voir plus bas).
3- Évitez les lave-mains et les produits d’entretien industriels. Choisissez plutôt des nettoyants à base de vinaigre ou d’huiles essentielles.